Le Télégramme

Abeilles. Yannick Jadot à l’écoute des apiculteurs

LE TÉLÉGRAMME – 27/05/2018

Vendredi, Yannick Jadot a rendu visite à des apiculteurs du Centre Bretagne. Confrontée à de lourdes pertes dans plusieurs colonies, la filière apicole du centre Bretagne espère ainsi se faire entendre des pouvoirs publics.

François Le Dudal, apiculteur à Cohiniac depuis sept ans, regarde d’un air désolé son hangar. À l’intérieur, des centaines de ruches empilées, toutes vides. « Normalement, à cette saison, il devrait y avoir des abeilles dedans ». Seulement, François Le Dudal a perdu 80 % de ses colonies. « J’avais 360 colonies, ce qui me semblait une garantie de viabilité pour la pérennisation de mon activité. Mais aujourd’hui, je n’ai plus de perspective », explique-t-il.

À ses côtés, Joël Labbé, sénateur du Morbihan, et Yannick Jadot écoutent attentivement, hochant parfois la tête. En jean et tennis, le député européen écologiste constate les pertes. « Si on est là, c’est qu’il y a urgence. Pour vous aider à reconstituer vos essaims et, en plein débat sur la loi agriculture et alimentation, qu’il y ait des actes qui soient posés sur tous les pesticides » a-t-il réclamé.

© Le Télgramme

Yannick Jadot, Jöel Labbé, sénateur du Morbihan, et René Louail, chef de file EELV aux élections régionales de 2015, ont écouté les apiculteurs et leurs représentants syndicaux. Photo Mathilde Piaud © Le Télégramme

Les pesticides au cœur du débat

L’enjeu, selon lui, est désormais d’interpeller les pouvoirs publics : « Stéphane Travert est totalement sourd à la réalité que vous vivez alors qu’il est votre ministre. On interpelle aussi le Premier ministre et le président de la République », a-t-il ajouté avant de conclure : « si le ministre ne se déplace pas sur le terrain, ces ruches mortes vont se déplacer chez lui ».

Car il s’agit bien de ça pour les apiculteurs : se faire entendre. François Le Dudal le clame : selon lui, ces pertes ne peuvent pas être expliquées par la pratique des professionnels, ni par des raisons météorologiques. « On a des soupçons d’intoxication. On peut imaginer que des neurotoxiques ont pu jouer sur leur sens de l’orientation », avance-t-il avec prudence.

« On n’a rien à perdre, on a déjà tout perdu »

Les pesticides reviennent encore et encore dans les échanges entre les élus et les apiculteurs ayant fait le déplacement. « Il y a urgence à revoir notre système agricole et arrêter de distribuer des poisons », insiste Gilles Lagneau, président de l’UNAF (Union nationale de l’apiculture française). Mais les professionnels ne s’y méprennent pas : « il ne s’agit pas d’incriminer les agriculteurs, ils sont eux-mêmes victimes et otage d’un système », peut-on entendre dans l’assistance.

Collectif pour la survie des abeilles

Face à leurs pertes, les apiculteurs du centre Bretagne se sont réunis et ont créé le collectif pour la survie des abeilles. « On met l’état et le gouvernement en demeure d’assumer leurs responsabilités et de dédommager les apiculteurs concernés à la hauteur des préjudices subis, économiques et environnementaux », explique François Le Dudal, avant de terminer : « on n’a rien à perdre, on a déjà tout perdu ».

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