SUD OUEST

Bassin d’Arcachon : Toujours en bataille pour l’étiquetage des huîtres

SUD-OUEST par Sabine MENET

LA TESTE-DE-BUCH L’association nationale Ostréiculteur traditionnel s’est réunie à La Teste. Les producteurs d’huîtres nées en mer demandent encore et toujours un étiquetage

Depuis 2007, l’association Ostréiculteur traditionnel réunit les producteurs français d’huîtres nées et élevées en mer. Présidée par le Breton Benoît Le Joubioux et représentée sur la zone de production du bassin d’Arcachon par la Testerine Angelika Herman, elle s’est réunie durant deux jours entre La Teste-de-Buch et Gujan-Mestras.
Avec, toujours comme leitmotiv et demande, un étiquetage des produits. « Même si la proposition de loi portée par le sénateur Joël Labbé a été retoquée (lire par ailleurs), nous ne désarmons pas et continuons à recevoir des informations de plus en plus alarmantes, notamment en ce qui concerne la gamétogénèse des triploïdes », assure le président national.

Question de diploïdie

Il existe en effet deux types d’huîtres. Celles issues du milieu naturel et élevées durant trois ans et celles, stériles, issues d’écloseries élevées en deux ans. On parle d’huîtres diploïde ou triploïde. La ploïdie étant un terme de biologie faisant référence au nombre de chromosomes contenu dans le noyau des cellules vivantes.
Les huîtres diploïdes peuvent se reproduire dans le milieu (ce sont les huîtres laiteuses que l’on évite généralement de consommer les mois en « R », de mai à août). En revanche, les triploïdes (trois jeux de chromosomes donc) sont stériles et très peu laiteuses. « Aujourd’hui les triploïdes font état d’une grande faiblesse.
Or il n’y a aucun principe de précaution afin de préserver le cheptel » s’insurge Benoît Le Joubiaux, qui a récemment relayé cette inquiétude auprès de la secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Barbara Pompili.
« La Ministre a la volonté de faire avancer les choses », assure-t-il.
Docteur en science et chef de service au pôle de recherche sur l’alimentation de Labéo, qui a notamment développé la technique d’identification de l’herpès virus OsHV-1 (2), Marilyne Houssin travaille depuis 2014 sur une étude financée par le centre de référence sur l’huître (CHR) de Caen. Elle étudie la dynamique de mortalité selon l’origine des huîtres.

Étude sur la mortalité

« Nous étudions 25 lots dont 12 lots naturels issus du bassin d’Arcachon et de Charente. Admettons que les triploïdes meurent plus, il reste à savoir pourquoi. La moralité de 2011 a touché des huîtres nées en 2007 au moment où Ifremer déposait deux nouveaux brevets de création de triploïdes. » Si l’étude ne sera communiquée qu’à la fin juillet, les ostréiculteurs traditionnels laissent entendre que les premières conclusions vont dans leur sens. « C’est pour cela que le consommateur doit savoir ce qu’il a dans son assiette ! Et en attendant l’étiquetage, nous travaillons sur un label spécificité traditionnelle garantie (STG) », explique Benoît Le Joubioux.

(1) www.ostreiculteurtraditionnel.fr
(2) Labéo regroupe les laboratoires départementaux du Calvados, de la Manche et de l’Orne.

 

Une longue aventure législative

GUJAN-MESTRAS Le sénateur Joël Labbé est venu soutenir les ostréiculteurs et les Verts

Le sénateur du Morbihan (groupe écologiste), Joël Labbé, est venu hier à Gujan-Mestras soutenir les ostréiculteurs traditionnels. Le 10 juin 2015, il a proposé au Sénat un débat sans vote sur l’opportunité ou pas d’étiqueter les huîtres nées en mer et celles d’écloserie. « Le rôle des lobbies, dont celui des écloseurs, a été flagrant » dit-il sans faux-semblant.
« Il y a une logique de production et des enjeux financiers auxquels sont sensibles les pouvoirs publics.» Joël Labbé, dans le cadre de la loi sur la biodiversité, a essayé par voie d’amendement de faire passer l’étiquetage « huître née en écloserie, huître née en mer ». Une troisième lecture du texte est attendue pour juillet.

Nouvelle proposition de loi ?

Dans le cas d’un nouveau refus, il entend chercher un autre véhicule législatif, n’excluant pas de faire une proposition de loi. « Ce que j’ai fait lorsque j’ai été élu avec l’interdiction d’usage non-agricole des pesticides », rappelle-t-il.
Les représentants locaux d’Europe écologie les Verts (EELV) ont d’ailleurs tenu à remercier le parlementaire pour ses actions, notamment en vue proposition d’interdire les néonicotinoïdes, insecticides incriminés dans le déclin des pollinisateurs. « Nous en sommes à la troisième lecture et hier, le parlement a confirmé l’interdiction » a-t-il dit. « Nous avons besoin de gens comme toi », a assuré Vital Baude, conseiller régional et secrétaire du groupe EELV sur le Bassin.

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