Le Télégramme

Circuits courts. Le ras-le-bol administratif des aviculteurs

LE TÉLÉGRAMME – 20/06/2017

À la ferme de Kerdroguen, Jean-Charles Métayer a reçu le soutien des producteurs de volaille indépendants et des parlementaires, Joël Labbé et Hervé Pellois.

Alors que le consommateur est en demande de circuits courts, les petits producteurs de volaille fermière sont soumis à des normes sanitaires conçues pour l’élevage industriel qui risquent de les mettre sur la paille.

Pendant trois nuits, Jean-Charles Métayer a rédigé un long courrier baptisé « Être producteur indépendant de volailles en plein air aujourd’hui : la tragédie d’une mort annoncée ». Il y évoque son bac scientifique, ses différents diplômes, ses expériences en Nouvelle-Calédonie, Australie et en Nouvelle-Zélande. Le choix assumé de quitter le métier d’infirmier au bloc opératoire pour revenir à la terre. Sa fierté aussi de se retrouver à la tête d’une exploitation de 27 ha où il produit ses céréales, fabrique son aliment et élève ses volailles bio (poulets, pintades et canards) qui sont vendues à la ferme ou dans des magasins de producteurs.

Une réussite que la législation sanitaire mise en place pour lutter contre la salmonellose, puis les contraintes administratives pour éviter la propagation de la grippe aviaire « risquent de réduire à néant », estime le quadragénaire qui a récemment eu un contrôle.

« On n’est pas des marginaux »

Sa missive a été « lue plus de 6.000 fois sur les réseaux sociaux ». Nombreux ont été les consommateurs à l’encourager. Ne restait plus pour Jean-Charles Métayer qu’à mener la fronde auprès des autorités administratives et des parlementaires pour faire évoluer la législation. Soutenu par la Confédération paysanne, le Gab 56, plusieurs paysans de l’association des producteurs de volailles en vente directe du Morbihan et un éleveur de bovin, il a (ré) expliqué au sénateur Joël Labbé (écologiste) et au député Hervé Pellois (REM) que « ce sont les pratiques du modèle agro-industriel qui favorise les épizooties ». Pour les producteurs indépendants, la taille des exploitations, les transports au cours des différentes étapes de l’élevage, le confinement des animaux et la nourriture contribuent à fragiliser les volailles facilement atteintes par les maladies dont la grippe aviaire. Quand bien même des mesures sanitaires seraient prises, les mêmes causes produiraient les mêmes effets.

Quant à dupliquer dans les petites exploitations, les mesures sanitaires conçues pour les producteurs intégrés, il s’agirait d’une aberration. À la fois en raison des coûts très élevés et de leur inadéquation avec l’élevage paysan. Jean-Charles Métayer cite « les nombreux sas à mettre en place, les contrôles onéreux du fumier, le sens de circulation, les filets pour protéger des oiseaux sauvages… ». Et d’ajouter : « Qui a dit que l’élevage industriel et le conventionnel étaient la norme et nous étions devenus une sorte de secte de marginaux ? Il faut une législation cohérente et adaptée à l’agriculture paysanne. Avec les nouvelles fermes de plus de 300 vaches, on risque les épizooties et d’interdire les vaches dans l’herbe… ».

Soutien actif des parlementaires

Le message a été entendu par les deux parlementaires présents qui vont faire en sorte que les bio et les petits producteurs soient auditionnés, lors des Assises de l’alimentation qui vont bientôt s’ouvrir. « Et pas seulement la FNSEA », Joël Labbé et Hervé Pellois se sont proposés pour accompagner les producteurs en circuits courts lors de prochains entretiens avec les préfets afin d’exposer leurs spécificités et leurs propositions pour une législation adaptée à une agriculture paysanne.

© Le Télégramme

 

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