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Eau potable contaminée : « Il faut faire payer ceux qui vendent les polluants », pour le sénateur Joël Labbé

FRANCE BLEUE ARMORIQUE  – Vendredi 7 avril 2023 – Par Valentin Belleville

Au lendemain des révélations de l’Anses sur la pollution de l’eau, le sénateur écologiste du Morbihan Joël Labbé, appelle, ce vendredi 7 avril sur France Bleu Armorique, à dépolluer l’eau potable et donner davantage de moyens aux agriculteurs bio.

Que faire des résidus de pesticides dans l’eau du robinet ? C’est l’inquiétante découverte des chercheurs de l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Selon leur dernière étude, plus d’un prélèvement d’eau potable sur trois présente un taux trop élevé de chlorothalonil, un pesticide considéré cancérogène, pourtant interdit en France depuis 2020. Que faire désormais ? Il faut agir rapidement et sur au moins deux fronts, selon Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, invité de France Bleu Armorique, ce vendredi 7 avril.

France Bleu Armorique : Ces révélations d’un fongicide interdit en France depuis trois ans, présent dans l’eau potable en grande quantité, cela vous a surpris ?

Joël Labbé : Non, parce qu’on sait qu’on est en utilisation excessive depuis longtemps et ça ne va pas en diminuant. Pour mémoire, au Grenelle de l’environnement 2008, tous les pouvoirs publics s’étaient engagés à faire en sorte qu’il y ait une baisse de 50 % de l’utilisation des pesticides. Et en 2016, on était à +14 %. C’est dire s’il y a des grands discours qui sont faits, mais pas de véritable volonté politique de diminuer l’utilisation des pesticides.

Comment ça se fait qu’on en parle que maintenant, selon vous ?

Plein de choses sont cachées. Les entreprises qui font des mises sur le marché ne disent pas la vérité et, au contraire, travestissent cette vérité pour que leurs molécules puissent être maintenues. Alors heureusement, on a des agences scientifiques liées aux pouvoirs publics dont le rôle, c’est de préserver la santé publique qui travaille là-dessus. Et aujourd’hui sortent ce type d’analyses qui montrent à quel point l’eau est polluée par les molécules de pesticides de synthèse.

Quand on découvre la présence de résidus de fongicides potentiellement cancérogènes, il y a potentiellement d’autres substances dangereuses, dans l’eau potable, mais on ne le sait pas encore ?

Bien sûr, il y en a. Il y en a d’autres, dont une dont je n’ai pas le nom. Mais elle a été décelée il y a quelques mois. Et les pouvoirs publics par rapport à la norme de 0,1 microgramme par litre et élever cette norme à 0,9 microgramme par litre. On sait aujourd’hui que beaucoup d’eau n’est pas potable pour la consommation humaine. C’est dire si c’est un véritable problème de santé publique, un problème national.

Maintenant que l’on a cette étude, que fait-on ? Il faut une réaction rapide à prendre pour le législateur ?

Absolument, d’abord, il faut dépolluer. Mais dépolluer, c’est extrêmement cher. D’après les études qui ont été faites, c’est de l’ordre de 50 % d’augmentation du coût de l’eau de consommation. Il faut donc mettre des moyens très lourds pour décontaminer. Les entreprises qui mettent les produits polluants sur le marché doivent payer parce que ce sont elles qui provoquent cette contamination. L’autre aspect, c’est en préventif, il faut soutenir avec force l’agriculture biologique qui n’utilise pas ces molécules de pesticides de synthèse et qui donc n’a aucune responsabilité dans cette contamination. L’agriculture biologique est très insuffisamment soutenue. Et dernièrement avec la baisse du soutien de la PAC, avec la suppression de l’aide au maintien et il n’y pas de réelles mesures en faveur de l’agriculture biologique en ce moment, alors que les filières sont en difficulté économique lorsque ce sont des produits de l’agriculture conventionnelle, tout de suite, il y a des fonds qui sont débloqués. De même en ce qui concerne la consommation de produits bio, parce qu’il y a une question de consommation. Le gouvernement est défaillant en ne donnant pas les moyens aux collectivités pour appliquer la loi de 20 % de produits bio dans la restauration collective. C’est dire si, par rapport à ces pesticides qu’on retrouve dans l’eau, il y a des solutions, Il y a des pratiques qui permettent de s’en sortir, mais encore faut-il de la volonté et des moyens pour que cette agriculture soit mise en place et se développe de plus en plus.

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