France 3 Bretagne

Faut-il réhabiliter le métier d’herboriste ?

FRANCE 3 RÉGIONS – 26/09/2018 – Par Louise Cognard

Les principes actifs des végétaux sont à la base de notre pharmacie moderne. Pourtant, depuis 1941, le métier d’herboriste n’est plus légal et la vente de plantes médicinales revient exclusivement aux pharmaciens. Joël Labbé, sénateur du Morbihan, propose de revaloriser l’herboristerie.

Les herboristes ont toujours existé et ont bénéficié d’un statut en France de 1803 à 1941. Aujourd’hui encore, la valorisation des principes actifs végétaux est à la source de la pharmacie moderne : 70 % de notre pharmacopée est issue du monde végétal. Pourtant, depuis 1941, l’Etat français a réservé la vente de plantes médicinales aux pharmaciens. L’herboristerie est devenue illégale en France.

Convaincu par la nécessité de redonner à l’herboristerie ses titres de noblesse, le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé a participé à une mission d’information du Sénat sur « le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, une filière et des métiers d’avenir ». L’objectif était de réaliser un état des lieux de la « filière plantes » en partant à la rencontre d’une centaine d’acteurs de la profession : producteurs, cueilleurs, herboristes, pharmaciens, médecins, universitaires, chercheurs, entreprises industrielles ou artisanales de transformation, etc.). Ces entretiens ont permis aux sénateurs de formuler  ds propositions visant à accompagner l’essor d’une filière qu’ils jugent « porteuse ».

L’herboristerie, un enjeu économique majeur pour la France et la Bretagne

D’après les recherches du Sénat, « le marché de la santé et de la beauté naturelles représenterait en France plus de 3 milliards d’euros ». Ce dynamisme économique montre à quel point une partie des Français s’intéresse aux « soins perçus comme plus naturels et plus doux, utilisés en préventif, contre les petits maux du quotidien ou en complémentarité avec la médecine conventionnelle ».

Proposition n°1 : développer des cultures de végétaux de qualité

La mission du Sénat propose de créer un label « plantes de France » pour « valoriser une production française exemplaire » et mieux informer le consommateur. Les sénateurs fixent également un objectif de 50 % des surfaces cultivées en « bio » à l’horizon 2025. Pour ce faire, les agriculteurs bénéficieraient d’un renforcement des aides à la conversion en bio.

Proposition n°2 : libéraliser davantage la vente de plantes

Depuis la suppression du métier d’herboriste en 1941, la vente des plantes médicinales dans un but thérapeutique est réservée aux seuls pharmaciens. Depuis un décret de 2008, 148 plantes échappent au monopole pharmaceutique du fait de leur usage alimentaire et de leur non-toxicité. La mission du Sénat propose de réexaminer la liste des plantes médicinales autorisées à la vente libre « pour y intégrer des plantes des outre-mer ou des plantes ne présentant pas de risque d’emploi ».

Proposition n°3 : réhabiliter le métier d’herboriste

C’est la proposition qui fait le plus débat au sein de la mission du Sénat. D’un côté, autoriser l’exercice de l’herboristerie permettrait de répondre aux attentes de consommateurs sur l’usage des plantes médicinales. Aujourd’hui, la principale source d’information, non canalisée et non régulée, est sur internet. D’un autre côté, les réticences sont nombreuses chez les représentants des professionnels de santé. Ils estiment qu’une profession intermédiaire, autonome des pharmaciens, n’aurait pas les compétences suffisantes pour protéger la santé des consommateurs.

Proposition n°4 : les plantes médicinales au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco

La mission propose de porter, avec d’autres pays, une démarche en vue de l’inscription des connaissances et savoir-faire liés à la culture et à l’usage traditionnels des plantes médicinales sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Ces propositions suscitent l’espoir des écoles d’herboristerie

Aujourd’hui, il existe 5 écoles d’herboristerie en France dont celle de Plounéour-Ménez dans le Finistère. Elles proposent des formations sanctionnées par des certificats qui valident des connaissances en plantes médicinales, mais on ne peut pas parler de métier d’herboriste en tant que tel. C’est évidemment vécu comme un regret et le Sénat leur donne un espoir de reconnaissance.

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