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Les sénateurs ont rejeté l’objectif de 20% de bio dans les cantines

BIOADDICT.FR – 18/06/2018 – Par Anne-Françoise Roger

Zéro produit bio dans les cantines, ce sera peut-être possible. Les sénateurs ont rejeté l’obligation de 20% de produits bio en 2022 introduites par les députés dans la Loi sur l’agriculture et l’alimentation. L’argument porté par un sénateur membre de la FNSEA, syndicat agricole favorable à l’agrochimie, est qu’il faudrait trop importer pour y parvenir.
C’est une grande déception pour nombre de parents d’élèves, de consommateurs, de citoyens et de producteurs bio : le Sénat a supprimé le bio des cantines (des écoles, maisons de retraite, hôpitaux,..) lors du vote de la loi sur l’agriculture et l’alimentation*, achevé cette semaine.

Les sénateurs ont défait ce qu’avaient fait les députés en retirant l’obligation de servir 20% de produits bio sur les 50% de produits de qualité, labellisés ou issus de filières locales et durables qui devront alimenter les restaurants publics au premier janvier 2022. Chaque acteur public sera libre de décider ce qu’il fait et il pourra opter pour zéro produit bio.

Le motif invoqué ? Les capacités de production locales ne sont pas suffisantes.

 » L’article 11, l’un des 18 articles réécrits en commission des Affaires économiques, conserve le seuil de 50% de produits de qualité et labellisés, mais ne comporte plus l’objectif sur le bio, à ce stade de la discussion du texte. Conséquence de l’adoption d’un amendement, cosigné par 30 sénateurs du groupe Les Républicains. Le sénateur LR des Vosges, Daniel Gremillet, qui a porté l’amendement, estime que ce pourcentage de 20% pourrait se heurter aux capacités de production et même se révéler contre-productif par rapport aux autres objectifs du projet de loi, comme le soutien aux productions locales « , note la chaine Public Sénat sur son site.

Un moyen de voler au secours des producteurs conventionnels en crise permanente

Daniel Gremillet, est un membre éminent de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA), syndicat très favorable à l’agriculture chimique et très critique du bio. Il a ignoré que l’article donnait justement le temps, d’ici 2022, de prendre les mesures nécessaires pour augmenter la production bio. Il a ignoré qu’une contractualisation entre les acteurs publics et les producteurs bio, nécessaire en cas d’obligation de servir un pourcentage défini de produits bio, aurait permis de nombreuses installations et conversions.  Il a transformé une question de santé publique – éviter les pesticides dans les assiettes- en une question économique – trouver un débouché mieux valorisé pour les agriculteurs conventionnels en crise permanente malgré les aides publiques.

Des menus toxiques avec 128 résidus chimiques différents par jour

Tant pis pour la santé des consommateurs y compris celle des enfants et tant pis pour l’environnement. Rappelons que l’analyse des repas types d’un enfant de dix ans, ingérés en une journée, a révélé la présence  » 128 résidus chimiques représentant 81 substances chimiques différentes avec 47 substances différentes cancérigènes suspectées et 37 perturbateurs endocriniens suspectés « , selon l’ONG Générations Futures. Ces menus toxiques vont donc perdurer.

Très en colère contre ce vote, Joël Labbé, sénateur écologiste qui mène bataille contre les pesticides toxiques, veut imposer des scrutins publics lors des débats en séance du 26 au 28 juin. Ces derniers donnent le détail des votes, sénateur par sénateur. Joël Labbé militera le 19 juin, en réunion hebdomadaire, pour que son groupe en fasse la demande, précise Public Sénat.

* « Loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous »

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