La Gazette

Rendre possible, ce qui est nécessaire…

LA GAZETTE – Par J.-M. F.

Joël Labbé, sénateur du Morbihan a fait sienne la citation de l’abbé Pierre : « l’art de rendre possible, ce qui est nécessaire. » D’où son combat, de longue date, contre les pesticides et ce, malgré les pressions…

La loi du 6 février 2014 vise à mieux encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires au niveau national. Cette loi dit « loi Labbé », du nom du sénateur Morbihannais, réélu il y a tout juste quelques semaines : Joël Labbé, a engagé la mise en place de l’objectif « zéro pesticide » dans les espaces publics depuis le 1er janvier 2017. L’usage des produits phytosanitaires par l’Etat, les collectivités locales et établissements publics sur les espaces publics, verts, forêts, voiries (sauf dérogations liées à la sécurité) est interdit depuis le début de l’année. La vente, l’usage et la détention de produits phytosanitaires par les jardiniers amateurs seront interdites à partir du 1er janvier 2019.

« Les gens de la vraie vie… »

Alors qu’il déjeunait paisiblement dans un restaurant ouvrier – le téléphone rivé sur l’oreille- Joël Labbé, sénateur du Morbihan nous a accordé quelques instants pour évoquer la loi qu’il a contribué à mettre en place. Le sénateur évoque sa détermination pour en finir avec les pesticides… Sa présence à cet endroit « C’est bien ici. On y mange une cuisine simple mais vraie, tout est fait maison, à base de produits de qualité… Un point que je défends d’ailleurs au niveau national. Et puis, les gens que l’on côtoie ici, ce sont les gens de la vraie vie. »
Le principe du « zéro pesticide », Joël Labbé l’a appliquée par conviction, alors qu’il était maire de Saint-Nolff. « Ce n’a pas toujours été simple. Il a fallu communiquer, discuter, sensibiliser la population, faire preuve de pédagogie… mais 2007, le principe avait été adopté. » Lorsqu’il devient sénateur du Morbihan en 2011, seulement 10% des communes de France fonctionnent sur le principe du zéro phyto.

« Dangereux pour la santé publique »

« L’une des premières missions à laquelle j’ai participé comme sénateur, a concerné l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement. Nous avons auditionné nombre d’acteurs utilisant les pesticides, d’autres ne les utilisant pas, des médecins, cancérologues, scientifiques, etc. Au final, nous avons pris conscience que ces produits étaient extrêmement dangereux pour la santé publique, l’environnement : qualité de l’eau, sol… sans oublier les insectes, » explique Joël Labbé.
Suite à cette mission, le sénateur du Morbihan s’intéresse alors au monde agricole,travaille une bonne année sur la proposition de loi. « Il fallait trouver une majorité. La proposition de loi a bénéficié d’un vote positif au Sénat, puis à l’Assemblée, et a été adoptée en février 2014. Des actions de lobbying ont été tentées mais n’ont pas abouti, grâce notamment à la mobilisation des élus, ONG… On se retrouve réellement dans une situation de rapport de force, » souligne-t-il.

« On reste dans le déni… »

« Etre plus fort sous-entend de trouver des majorités. La loi Labbé est une petite loi mais elle démontre toutefois que lorsqu’on trouve des majorités, les lobbying (FNSEA, firmes, Industrie agroalimentaire… tentant d’influencer les gouvernements) sont obligés de se ranger. »
Sortir du glyphosate passe forcément par des aides à l’agro-bio, malheureusement le ministère de l’agriculture semble vouloir supprimer les aides au maintien, versées pour compenser le manque à gagner lors du passage d’un système à l’autre…
« C’est regrettable de vouloir conserver ce système conventionnel – tout en faisant des concessions – au moment où l’on peine à satisfaire la demande des consommateurs en bio. Les pouvoirs publics eux-mêmes n’arrivent pas à répondre aux demandes de reconversion…

« Bombe à retardement »

En continuant ainsi, on sera forcément « rattrapé par la Justice et par l’histoire » comme l’a indiqué Nicolas Hulot, appuie Joël Labbé. On sait pertinement bien que ces produits sont dangereux mais on reste dans le déni. Pourtant tout cela, c’est une bombe à retardement, comme l’avait lui aussi déclaré Stéphane Le Foll. » Optimiste « mais d’un optimiste combatif » Joël Labbé sait qu’il y a du pain sur la planche… « Le moment est toutefois favorable pour accélérer la mutation, avec notamment Morbihan transition. Faire de la politique, c’est aussi comme l’avait dit l’Abbé Pierre : l’art de rendre possible, ce qui est nécessaire… »

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