L'Est Républicain

L’adieu des communes aux phytosanitaires

L’EST RÉPUBLICAIN – 02/11/2017

Depuis le 1er  janvier 2017, la loi interdit aux personnes publiques d’utiliser des produits chimiques pour l’entretien des espaces verts. Dans le pays de Montbéliard, la commune de Mandeure compte parmi les précurseurs.

Pas un centimètre cube de désherbant chimique n’a été déversé depuis 2014 sur l’espace public de Mandeure pour éliminer ce qu’on appelle communément, et improprement, les mauvaises herbes. « Actuellement, nous sommes à zéro phyto », lâche, non sans fierté, Jean-Pierre Hocquet, le maire de la commune. « Le responsable de notre service des espaces verts, Jacky Froidevaux, a toujours été sensible à la protection de l’environnement. C’est grâce à lui si on a devancé la loi Labbé. »

Place aux plantes vivaces

Cette loi, qui porte le nom de son initiateur, Joël Labbé, sénateur du Morbihan, interdit depuis le 1er  janvier 2017 aux personnes publiques d’utiliser des produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides…) pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades, parcs et autres voiries accessibles au public. « On a aussi signé la charte Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles de Franche-Comté) qui engage les signataires à traiter mieux, à traiter moins et à ne plus tout traiter chimiquement. »

L’utilisation de produits phytos, « c’est la solution de facilité », analyse-t-il. « On répand un produit et c’est désherbé. On est tranquille, mais on ne tient pas compte de l’impact ultérieur sur l’environnement. » Mandeure, qui compte une douzaine d’agents municipaux en charge de l’entretien des espaces verts et des opérations de nettoiement, a opté pour le désherbage thermique et le désherbage manuel/mécanique. « Il a fallu acheter un peu de matériel, mais les produits phytosanitaires, ce n’est pas donné. L’un dans l’autre, je pense qu’on a fait une économie d’environ 25 %, voire davantage », évalue-t-il à la louche.

La municipalité a revu sa politique en matière d’achat de fleurs. Aux plantes annuelles qui se caractérisent par un cycle de culture et de vie de quelques mois seulement, au cours d’une même année, elle a substitué des plantes vivaces, réputées pour leur longévité et dont la souche reste en terre même en hiver. Elle utilise aussi le paillage des massifs pour limiter la quantité d’herbes indésirables. Elle a encore acheté des larves de coccinelle, un insecte qui se repaît joyeusement des pucerons et autres parasites.

« Par an, notre budget fleurs est passé de 10 000 à 6 000 euros, sans que le fleurissement de la commune, son aspect visuel général aient baissé en qualité », estime-t-il alors que Mandeure a été récompensée en 2017 par le label 4 fleurs du concours des Villes et Villages fleuris. « Le zéro phyto, c’était la décision à prendre. »

Au tour des particuliers en 2019

Le 1er  janvier 2019, l’interdiction portée par la loi Labbé doit s’étendre à tous les particuliers. Eux aussi devront remiser définitivement les produits phytosanitaires et autres engrais chimiques.

Pour Jean-Pierre Hocquet, l’enjeu sera double : « On devra à la fois convaincre nos concitoyens de changer leurs habitudes de jardinage et surveiller la façon dont ils se débarrasseront de leurs produits. Il va sans doute falloir prévoir des points de ramassage et lancer une campagne de communication à l’échelle de la communauté de communes. » Pour ménager les susceptibilités des jardiniers du dimanche, persuader sans donner l’impression de contraindre, « il va falloir enfoncer le clou doucement ».

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