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Néonicotinoïdes : les abeilles, véritables lanceuses d’alerte sur la destruction de la biodiversité

NOVETHIC – 27/03/18 – Par Marina Fabre

Chaque année, 30 % des colonies d’abeilles disparaissent, contre 5 % il y a 20 ans. En cause, notamment, les néonicotinoïdes. Ces pesticides seront interdits par la loi française à partir de septembre 2018, mais avec des possibilités de dérogations. 135 députés et sénateurs se mobilisent pour une interdiction complète des néonicotinoïdes.

Abeilles, oiseaux, humains… Les impacts des néonicotinoïdes, réputés étant des pesticides « tueurs d’abeilles », sont de plus en plus dénoncés. 135 députés, de tous bords, viennent de rejoindre le Comité de soutien des élus à l’abeille et aux apiculteurs. Parmi leurs doléances, l’application stricte de la loi sur l’interdiction de ces pesticides, dont l’entrée en vigueur se fera en septembre 2018. Mais, il est prévu d’éventuelles dérogations pour certaines cultures.

« On est dans une phase cruciale », explique Delphine Batho, députée et ancienne ministre de l’Environnement, « les abeilles sont les lanceuses d’alerte de l’effondrement de la biodiversité. Nous devons fermement appliquer la loi ». En 1995, affirme l’Union nationale de l’apiculture française, 5 % des colonies d’abeilles disparaissaient chaque année contre 30 % aujourd’hui.

L’alerte des agences européenne et française

Ces derniers mois, plusieurs rapports ont pointé du doigt le risque de l’usage des néonicotinoïdes. L’agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) a publié en février une étude estimant que trois néonicotinoïdes – la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame – s’attaquent au système nerveux des insectes, dont les abeilles. Or, en détruisant les insectes, c’est toute la chaîne du vivant qui est perturbée. Les oiseaux par exemple, en pâtissent directement, les insectes étant leurs ressources alimentaires.

Une semaine plus tard, c’est un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’alimentation) qui conseillait de limiter l’usage du thiaclopride, suspecté d’être cancérogène pour les humains. « On ne peut pas imaginer offrir à nos enfants des printemps de plus en plus silencieux. Notre rôle c’est de se mobiliser », plaide le sénateur Joël Labbé, sénateur du Morbihan.

Proposition de définition des néonicotinoïdes

Pour une pleine application de la loi le député En Marche Matthieu Orphelin va ainsi proposer une définition des pesticides néonicotinoïdes. « Cette absence de définition permet à des industriels d’introduire de nouveaux produits sur le marché en expliquant que ce ne sont pas des néonicotinoïdes », explique l’ancien bras droit de Nicolas Hulot à la Fondation éponyme. « Sans abeille, pas de biodiversité, pas d’agriculture, pas de futur », résume-t-il.

La bataille pour l’interdiction de ces pesticides se mènera aussi au niveau européen. Les trois néonicotinoïdes pointés du doigt par l’EFSA sont interdits, de manière partielle au niveau européen. Or, la Commission européenne propose aujourd’hui aux États membres d’étendre cette interdiction. Mais le vote a été repoussé de multiples fois. « L’Europe vient de décider une nouvelle pantalonnade. C’est inacceptable », a réagi Delphine Batho.

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