Insecticides : Joël Labbé dénonce « l’influence des lobbys sur les parlementaires et le gouvernement »

PUBLIC SENAT – PAR François Vignal / 03-02-2016

L’émission Cash investigation, diffusée mardi soir sur France 2, fait du bruit. Intitulée « Produits chimiques, nos enfants en danger », l’enquête pointe les risques de l’utilisation dans l’agriculture des pesticides, dont beaucoup sont classés cancérogènes.

« Ça confirme tout ce que je présentais sur l’impact des pesticides » réagit le sénateur Europe Ecologie-Les Verts Joël Labbé. Le sénateur du Morbihan fait partie de ceux au Sénat qui luttent contre l’utilisation des pesticides. Sa proposition de loi visant à encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires avait été adoptée au Sénat en 2013 puis à l’Assemblée. Le principe avait été repris par le gouvernement. Ces produits seront interdits dans les espaces publics au 1er janvier 2017 et pour les jardiniers amateurs au 1er janvier 2019.

Cravate, abeilles et pesticides

Mais le sénateur EELV s’est aussi confronté à un front d’opposition (voir notre article). C’était le cas il y a un an, en février 2015, quand il défendait une proposition de résolution (qui est non contraignante) sur un moratoire européen sur les insecticides néonicotinoïdes, à l’origine de la disparition des abeilles « et redoutable sur le monde du vivant ». Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, donne alors un avis défavorable. « Et les votes PS et UMP étaient bloqués. Ils n’allaient pas voter. J’ai sorti mes arguments. Mais face aux ricanements de certains à droite, j’ai enlevé ma cravate en protestation » (à revoir dans la vidéo ci-dessus). Un coup de colère, alors que le règlement du Sénat interdit de ne pas porter de cravate dans l’hémicycle pour les hommes.

Parmi les quelques sénateurs de droite présents sur les bancs sur jour-là, qui ricanaient selon Joël Labbé, il y avait René Paul Savary. Le sénateur LR est aussi président du conseil départemental de la Marne. On le retrouve dans l’enquête de France 2. On y voit les liens qui existent entre politiques et les firmes produisant des insecticides. La journaliste Elise Lucet s’invite à un dîner « privé » organisé par le Club de l’Europe, dont l’objectif est de rendre l’entreprise visible aux yeux de la classe politique française et européenne. L’entreprise du jour est le groupe suisse Syngenta, l’un des leaders mondiaux dans la production de pesticides. Autour de la table, un représentant du ministère, mais aussi des députés et quatre sénateurs, tous membre des Républicains : Jackie Pierre (Vosges), René-Paul Savary (Marne) et deux anciens agriculteurs, Gérard Bailly (Jura) et Michel Raison (Haute-Saône).

« Il est temps qu’on se libère de ces influences »

Contacté par le site de France 3 Champagne-Ardenne, René-Paul Savary explique ne pas « avoir été directement invité », mais avoir « suivi des collègues parlementaires ». « Un déjeuner de travail selon le sénateur, qui permet aussi aux parlementaires comme lui de rencontrer des chefs d’entreprises et de développer les « circuits courts ». René-Paul Savary explique que c’est « son travail d’être auprès des investisseurs » » écrit le site.

« C’est du lobby » plutôt, selon Joël Labbé. « Depuis longtemps, je dénonce l’influence des lobbys des firmes, de la FNSEA et de l’agriculteur productiviste sur les parlementaires, sur les politiques, sur le gouvernement. Il est temps qu’on se libère de ces influences pour prendre nos décisions en notre âme et conscience. J’œuvre pour que les politiques ne soient plus sous influence » affirme le sénateur EELV du Morbihan.

Le sénateur garde cependant espoir. « Sur les néonicotinoïdes, un amendement d’interdiction était passé à l’Assemblée. Il avait ensuite été bloqué au Sénat dans le cadre de la loi sur la biodiversité. Mais un amendement plus soft d’encadrement, déposé par un sénateur PS, a été adopté. La sénatrice UDI Chantal Jouanno avait aussi déposé un amendement d’interdiction, comme le groupe communiste. Les choses avancent doucement ».

2 Commentaires

  1. 4 février 2016 à 20 h 48 min · Répondre

    Bonsoir Monsieur Labbé,

    Une écrasante majorité de Français – tous ceux qui ne sont pas suicidaires – sont contre leur empoisonnement aux pesticides. Si la question de l’interdiction des pesticides et du soutien aux agriculteurs en reconversion vers la production biologique et les circuits courts leur était posée par référendum, le oui l’emporterait donc très largement. Les lobbys ne peuvent influencer efficacement que les parlementaires car ils sont en petit nombre (quelques centaines, voire dizaines pour ne parler que des plus actifs dans l’hémicycle). Les firmes de l’agrochimie ne pourraient pas inviter plus de 45 millions de citoyens au restaurant pour influencer leur décision.
    Ceci pour dire que la mise en place du référendum d’initiative citoyenne tel que le propose l’association Article 3 (www.article3.fr) ferait le plus grand bien à l’écologie…
    Très cordialement,
    Patrice Weigel.

    • admin
      12 février 2016 à 11 h 02 min · Répondre

      Oui, je suis totalement d’accord, on y travaille. Ça fait longtemps que l’on demande la mise en place du référendum populaire. JL

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