Le Télégramme

Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan : « J’ai décidé d’arrêter »

LE TÉLÉGRAMME – 28/10/2022 – Par Fanny Coconnier

Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, annonce au Télégramme que cette année de mandat sera la dernière. À 70 ans, il a décidé de quitter la politique en septembre 2023.

À tout juste 70 ans, après onze ans au Sénat, votre mandat se terminera en septembre 2023, vous apprêtez-vous à passer la main ?

J’ai décidé d’arrêter. Pourquoi ? J’ai encore la forme, une certaine énergie. Mais j’ai eu un coup de fatigue, ça a accéléré ma prise de décision. Même si j’ai retrouvé la forme depuis. J’aurai 71 ans l’année prochaine, depuis toujours je me dis qu’il ne faut pas s’accrocher, il faut tourner la page. Personne ne m’a demandé d’arrêter. Puisque c’est ma décision, je prépare la vie d’après. Et c’est le moment de faire le point sur mon histoire.

Que sera votre vie d’après ?
Elle ne sera plus politique. Mes convictions elles sont là. Mes motivations de dire « il faut que ça bouge » sont là. J’ai cinq enfants, dix petits-enfants, autant de raisons de se dire que les générations futures, il faut s’en occuper. Je vais continuer à m’investir mais d’une autre manière, avec le privilège de la liberté. J’ai une personnalité connue, des réseaux, de l’expérience, je vais utiliser ça pour poursuivre mon action d’une autre manière. Redevenir un militant ? Le grand timide que je suis a appris à parler en public, je proposerai peut-être aussi des conférences sur les sujets sur lesquels j’ai acquis de l’expérience. Et un livre de conversation doit sortir au printemps.
Je profiterai de la vie d’après pour faire des voyages que je n’ai pas faits – pas en avion il y a suffisamment de choses à voir en France et en Europe. Je veux en profiter pour être plus proche de Danielle, mon épouse, et de mes enfants et petits-enfants. Je vais me remettre au jardin, à la randonnée, au vélo.

Vous souhaiteriez voir une candidature en particulier émerger pour les sénatoriales de septembre 2023 ?
La succession-transmission a de l’importance. J’aimerais que ce soit quelqu’un qui soit à même de reprendre mes dossiers, dans son propre style. Je suis en situation de réflexion et d’observation. Le profil ? Une femme, plutôt jeune, qui soit connue. Un maire, c’est forcément mieux pour espérer être élu dans cette élection (au suffrage indirect NDLR). Je ne me dis pas qu’il faut forcément quelqu’un d’EELV (*), mais qui siégera, comme moi, au sein du groupe écologiste du Sénat. Je ne me couperai pas des contacts avec les partis politiques. Mais attention, si on est désuni à gauche, on pourrait n’avoir aucun élu. Je souhaite que ce soit quelqu’un qui fasse consensus.

 Mon côté militant a été un peu laissé de côté mais il est toujours là

On ne vous a pas entendu depuis la création de la Nupes. Ce collectif porte-t-il le salut de la gauche ?
Mon silence était volontaire. Je voulais d’abord observer, me faire une opinion. Ce que l’on peut lui reconnaître c’est d’avoir enfin réussi à réunir l’essentiel de la gauche. Mais que chacun garde son identité c’est important. Dans l’hémicycle, leur stratégie de la conflictualité n’est pas ma façon de faire. François Ruffin a été comme ça et il déclare maintenant ne plus avoir envie de brailler, mais de construire.

Vous, on ne vous a jamais vu brailler dans l’hémicycle. Mais on a vu, il y a onze ans, un militant devenir parlementaire. Comment s’est opérée cette transformation ?
Il y a eu un cheminement. J’ai été adjoint-militant, maire-militant. Je n’ai pas laissé le militant quand je suis arrivé au Sénat, mais je me suis adapté. Cette der de Libé, avec ce titre « Rock’n Sénat » m’a collé aux basques. Je suis un timide, je ne connaissais pas les codes en arrivant. J’ai connu six mois extrêmement durs, avec un complexe d’infériorité de ne pas bien connaître, de ne pas bien parler. Je n’étais pas dans le moule. J’ai appris comment ça marchait, j’ai travaillé d’arrache-pied pour me faire respecter, sans rentrer dans le moule. Mon côté militant a été un peu laissé de côté mais il est toujours là. J’ai travaillé de plus en plus avec des ONG, des scientifiques. Leur travail alimente mes arguments, face à ceux développés par les lobbyistes.

Joël Labbé en quelques dates

18 octobre 1952 : Naissance à Saint-Nolff
1977 : Entrée au conseil municipal de Saint-Nolff
1995-2014 : Maire de Saint-Nolff
2008-2011 : Conseiller général du canton d’Elven
2011 : Élu aux sénatoriales
2014 : Loi « Labbé » encadrant l‘utilisation des produits phytosanitaires
2016 : Il quitte EELV
2018 : Est réélu sénateur à la tête de la liste (divers gauche) « Morbihan en transition »
2020 : L’Union internationale pour la conservation de la nature retient sa motion visant à généraliser les alternatives aux pesticides de synthèse
2023 : Il prévoit d’arrêter la politique

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