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Présence d’un pesticide dans l’eau potable : « Les ministres passent. La biodiversité et la santé trépassent », s’insurge Joël Labbé

PUBLIC SÉNAT – 12/04/2023

Lors des questions d’actualité au gouvernement, le ministre de l’Agriculture a été interpellé par le sénateur écologiste, Joël Labbé, sur une récente enquête de l’Anses faisant état de la présence de résidus d’un fongicide, S-métolachlore, dans l’eau du robinet. Depuis son élection en 2011, le sénateur a relevé qu’en matière de lutte contre les pesticides « très peu de choses ont avancé ».

Les pesticides constituent un thème récurrent des questions d’actualité au gouvernement du sénateur écologiste, Joël Labbé. Le sénateur du Morbihan qui ne se représentera pas en septembre, a formulé sa dernière interpellation ce mercredi. Citant le rapport de l’Anses, publié la semaine dernière, l’élu s’est alarmé de la présence de résidus d’un fongicide, S-métolachlore, dans l’eau du robinet. « Un tiers de notre eau potable n’est pas conforme à la réglementation. Mais le pire, pour nous, M. le ministre de l’Agriculture, c’est que vous remettez en cause le travail scientifique de l’Anses en remettant en cause ses décisions, notamment sur le retrait S-métolachlore […] Que répondez-vous à la population inquiète de boire de l’eau du robinet ? Que répondez-vous aux collectivités qui s’interrogent sur les coûts de dépollution ? Que répondez-vous aux agriculteurs qui n’utilisent pas les pesticides et qui n’ont aucune responsabilité ? »

Marc Fesneau s’est défendu d’avoir remis en cause les analyses scientifiques de l’Anses. « J’ai simplement posé la question de la synchronisation de nos décisions puisqu’on est dans le cadre européen ».

« L’interdiction, ça ne produit pas de solution », pour Marc Fesneau

Le ministre de l’Agriculture a également rappelé que depuis 2016, 96 % des molécules les plus dangereuses avaient été réduites. « On a besoin de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et vous me trouverez toujours sur ce chemin […] Mais il faut le faire en bon ordre dans le cadre d’une planification. L’interdiction, ça ne produit pas de solution. L’interdiction, ça produit de la distorsion de concurrence au niveau européen […] et on a besoin de procéder à une planification […] faire en sorte que filière par filière, molécule par molécule, nous regardions les produits et quelles sont les alternatives […] Pour qu’à chaque perspective d’interdiction, on puisse produire une solution », a-t-il argué sous les applaudissements de la droite de l’hémicycle.

« Quand on fait le bilan, très peu de choses ont avancé »

« Lorsqu’il y a urgence, on ne peut plus prendre notre temps », a répondu Joël Labbé. Après 12 ans de mandat, le sénateur a rappelé son bilan aux questions d’actualité. « La quasi-totalité des questions que j’ai posée a concerné la lutte contre les pesticides et leurs méfaits, ainsi que le soutien à l’agriculture biologique. Quand on fait le bilan, très peu de choses ont avancé. Les pesticides sont toujours dans la place, dans l’eau, dans l’air, dans le sol et ce malgré la succession des ministres de l’agriculture. Alors je me dis avec dépit. Les ministres passent. La biodiversité et la santé trépassent, hélas », a-t-il conclu quelque peu étranglé par l’émotion.

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