France 3 Bretagne

VIDÉO. Pesticides : du prosulfocarbe retrouvé sur les pommes

France 3 RÉGIONS – 29/08/2019

Les producteurs de pommes s’inquiètent de la présence de prosulfocarbe retrouvé sur leur récolte. Malgré les restrictions d’utilisation de cette molécule dangereuse mises en place par l’Anses en 2018 le problème persiste. Joël Labbé, sénateur du Morbihan demande son interdiction.

En 2016 Christophe Bitauld producteur de pommes biologiques près de Rennes reçoit une visite du Bureau Veritas. Ce dernier procède à un contrôle sur son exploitation afin de vérifier l’absence de produit phytosanitaire. Les résultats révèlent la présence de prosulfocarbe. Christophe Bitauld voit alors son certificat bio suspendu. Sa récolte ne peut plus être vendue en bio et Christophe est obligé de l’écouler à moitié prix.

76% des lots de pommes testés contenaient du prosulfocarbe

Alerté par plusieurs producteurs de pommes l’Institut français des productions agricoles (IFPC) lance alors une étude sur l’ensemble du territoire. Les résultats sont édifiants. Sur 60 producteurs de cidre, dont la moitié en bio, 76% comptaient des lots contenant des traces de prosulfocarbe, comme le rappelle Médiapart (article payant) qui a enquêté .

Cette molécule a remplacé l’isoproturon interdit en 2017 dans de nombreux désherbants qui sont utilisés sur les céréales d’octobre à mars, ou encore sur les pommes de terre. Problème: sa volatilité est telle qu’elle contamine les cultures avoisinantes. La filière des pommes est particulièrement impactée.

En Bretagne les chiffres officiels montrent une très nette augmentation des ventes du prosulfocarbe, avec +38% en 2015 et +83% en 2016. Le prosulfocarbe est désormais l’un des deux produits phytosaitaire les plus utilisés dans notre région avec le glyphosate.

Des élus bretons demandent son interdiction

Dans une question au gouvernement publiée le 28 juillet 2019 le sénateur Joël Labbé a demandé au gouvernement une suspension de l’autorisation de mise sur le marché du prosulfocarbe. Ce n’est pas le premier élu qui s’inquiète de la situation. Avant lui Christine Prunaud sénatrice costarmoricaine et Jean-Charles Larsonneur député du Finistère ont alerté chacun leur tour le gouvernement sur les inquiétudes soulevées par la molécule prosulfocarbe.

Celle-ci est en effet soupçonnée de causer, à forte concentration, des problèmes de fertilité chez l’homme. A faible dose elle n’a cependant pas d’impact sur la santé d’après les autorités.

En 2018 le gouvernement a demandé à l’ANSES (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de renforcer les conditions d’emploi des produits afin de mieux prendre en compte les modes de dissémination du prosulfocarbe dans l’environnement. Une distance minimale est ainsi imposée entre les parcelles traitées et les vergers.

Pour les producteurs il s’agit d’un risque financier plus que d’un risque sanitaire

Selon la Fédération nationale des producteurs de fruits et cidre (FNPFC) il est encore possible de repérer des résidus de prosulfocarbe sur pommes à cidre. Aux doses retrouvées, qui sont très faibles, le prosulfocarbe ne représente pas un danger pour la santé. Pour autant la commercialisation des lots en question reste interdite.

La FNFPC explique qu’elle « ne peut accepter cet état de fait. Aucune assurance ni aucune firme phytopharmaceutique ne couvre le risque de non-commercialisation de pommes à cidre présentant des résidus de prosulfocarbe. Les administrations ont pris le temps d’attendre les résultats de recherche, de vérifier les actions préconisées par les firmes phytopharmaceutiques. La solution est désormais entre les mains de l’ANSES ».

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