Ouest-France

La France promeut l’alternative aux pesticides pour préserver la biodiversité

OUEST-FRANCE – 22/11/2020

L’Union internationale pour la conservation de la nature vient d’adopter 109 motions, avant son congrès mondial de Marseille, reporté en 2021, pour cause de pandémie. Le Comité français est à l’origine de 14 recommandations dont une prône la généralisation des alternatives aux pesticides.
Les 1 200 membres de l’Union internationale pour la Conservation de la nature (UICN) viennent d’adopter 109 recommandations en faveur de la sauvegarde de la biodiversité. Parmi eux, 14 textes émanent du Comité français, dont la reconnaissance des crimes environnementaux comme des crimes graves, le renforcement de la protection des mangroves, mais aussi la généralisation des alternatives aux pesticides.  » Nous sommes particulièrement heureux de cette motion emblématique  » , confie Florence Clap, responsable du programme  » Politiques de la Biodiversité  » au comité Français de l’UICN (en lien ici).  » Elle est basée sur des solutions et fait écho à l’une des toutes premières recommandations de l’UICN, qui date de 1954, sur la nocivité des pesticides de synthèse. « 

Pourquoi les recommandations de l’UICN sont-elles importantes ?

Parce que l’UICN est très écoutée. C’est la plus grande organisation de défense de la nature, avec une composition unique : 150 États membres de l’Onu, 250 agences gouvernementales comme l’Office français pour la biodiversité par exemple, plus de 800 ONG mondiales et 23 organisations de peuples autochtones. Quand elle fait des choix, tous les quatre ans lors d’un congrès mondial (reporté à 2021, sans date précise encore), ils sont en général suivis d’effet.  » C’est sur proposition de l’UICN que des traités internationaux importants ont pu être noués, comme la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) ou la liste rouge des espèces menacées  » , détaille Florence Clap.

Que vont devenir ces « recommandations » ?

À ce stade, les pays ou les associations signataires peuvent déjà s’en saisir et les appliquer. Certaines recommandations figurent déjà dans la nouvelle stratégie européenne sur la biodiversité.  » Les États parties à la Convention contre le crime transnational organisé (UNTOC) viennent d’inclure les crimes portant atteinte à l’environnement dans le champ d’application de cette convention « , relève le comité français de l’UICN.

La motion française sur la généralisation des alternatives aux pesticides a été plébiscitée à plus de 90 % par les États, les ONG et les deux ministères français impliqués, les Affaires étrangères et l’Écologie.  » Un vrai succès, tourné vers les solutions qui existent déjà « , commente le sénateur du Morbihan Joël Labbé. Membre de la Commission droits et politiques environnementales du Comité français de l’UICN, l’élu breton a travaillé avec l’association Noé Biodiversité pour élaborer cette motion.

Le Comité français espère que cette recommandation influencera aussi les décisions prises à la prochaine Conférence de l’Onu de la biodiversité (COP-15), prévue à la fin du mai, à Kummin, en Chine. Ces sommets annuels, organisés sur le modèle de la lutte climatique, relèvent de la Convention sur la diversité biologique que l’UICN avait contribué à mettre en place au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, en 1992.

Là aussi, il y a urgence. Les dernières études des écologues montrent que la population mondiale d’animaux sauvages a chuté de 60 % au cours des quarante dernières années, et qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction. Et là, encore, comme pour le climat, les États n’ont atteint aucun de leurs objectifs de préservation de la biodiversité.

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