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Où acheter les plantes pour se soigner ?

LE MONDE.FR – Les dossiers de Binette et jardin – Novembre 2019

Pour se soigner avec des plantes, encore faut-il pouvoir s’en procurer. Certaines peuvent facilement se cultiver au jardin à condition d’avoir un carré de terre, mais d’autres sont plus délicates à faire pousser ou carrément pas du tout adaptées aux conditions climatiques de notre pays, notamment si elles sont d’origine tropicale. Alors où acheter les plantes médicinales ?

Les officines spécialisées en phytothérapie

La pharmacie devient l’un des premiers commerces où se fournir en remèdes végétaux. La vente des plantes médicinales est un monopole des pharmaciens, bien que de nombreuses plantes déterminées par décret puissent être vendues ailleurs. Il est important que le professionnel de santé se soit formé à la phytothérapie : dans ce cas, il saura vous apporter des conseils thérapeutiques plus précis sur les extraits de plantes fraîches standardisés (EPS), teinture-mère, huiles essentielles, gélules, etc. N’oublions pas que, bien que naturelles, les plantes ne sont pas sans risque sur notre organisme.

Les magasins nature et bio mettent généralement à disposition un vaste rayon consacré aux plantes et à la phytothérapie avec, selon les boutiques, la présence d’un(e) naturopathe en permanence ou selon des plages horaires définies à l’avance. Ceci permet à tout un chacun de se renseigner auprès de spécialistes avant d’acheter des remèdes à base de principes actifs naturels. En outre, dans ce type de boutique, les plantes seront issues de l’agriculture biologique, critère de choix essentiel, afin de ne pas absorber de produits chimiques.

Les e-boutiques sont pléthores à proposer la vente de plantes et produits divers et variés de phytothérapie, sur internet. Comme toujours, prenez garde aux arnaques et vérifiez que la boutique a bien pignon sur rue. Quelques éléments doivent vous permettre d’être rassuré comme : l’implantation en France, les mentions légales, les conditions générales de vente, un système de paiement sécurisé ainsi que la labellisation des produits (Ecocert, Nature et Progrès pour le bio, marque S.I.M.P.L.E.S. du Syndicat des Simples par exemple).

L’herboristerie devrait être la boutique appropriée pour vendre des plantes médicinales. Certes, des herboristeries historiques (Herboristerie du Palais-Royal…) et des boutiques spécialisées en produits naturels à base de plantes pour le bien-être et la santé Aromathèque, Herbéo…) existent dans beaucoup de grandes villes. Elles sont autorisées à vendre uniquement les 148 plantes libérées du monopole pharmaceutique (décret du 22 août 2008) et les 541 plantes employées dans les compléments alimentaires (arrêté du 24 juin 2014), mais sans revendication thérapeutique ni allégation médicale puisque le métier d’herboriste n’existe pas !

Où trouver un herboriste ?

Certes, ces herboristeries peuvent proposer une large offre autour des plantes mais vous ne croiserez jamais un herboriste dans ces boutiques, le diplôme n’existe plus.

Historiquement, sous l’Ancien Régime, les herboristes furent remis en cause, on leur prêta des pratiques douteuses liées plus ou moins à la sorcellerie et au charlatanisme. Il fallut attendre 1803 pour que Napoléon crée le Certificat d’herboriste, venant officialiser la profession. Malheureusement, le 11 septembre 1941, le régime de Vichy met fin à cette reconnaissance en interdisant l’activité. La profession d’herboriste était donc vouée à disparaitre…

Pourtant, si officiellement, le titre n’existait plus, ce ne fut pas le cas de sa pratique : l’engouement pour les plantes médicinales n’a jamais cessé de s’affirmer. Il demeure beaucoup d’hypocrisie autour de cette spécialité puisqu’il est possible d’ouvrir une herboristerie sans qu’un herboriste professionnel diplômé puisse officier ! La rivalité entre pharmaciens et herboristes n’est pas sans rappeler celle des médecins avec le titre d’homéopathe qui vient de disparaitre par décision d’octobre 2019.

Malgré tout, la résistance s’est organisée avec la création par des paysans herboristes du syndicat des Simples, soucieux de perpétuer les savoirs et les usages de cette pratique empirique, dont les prémices remontent à des centaines d’années. Par ailleurs, la Fédération française des écoles d’herboristerie qui regroupe cinq établissements s’attache à former des spécialistes de l’utilisation des plantes afin d’éviter des problèmes liés à l’automédication. Encadrer la profession d’herboriste semble bien la clé pour garantir la sécurité des clients, en effet.

Autour du sénateur, Joël Labbé, déjà à l’origine de l’interdiction des produits phytosanitaires dans les espaces verts publics, une mission d’information sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, des filières et métiers d’avenir, a adopté, en septembre 2018, un rapport contenant 39 propositions pour remettre les plantes au cœur du dispositif de santé, mais aucun consensus n’a pu aboutir au sujet du titre d’herboriste ; la conclusion étant « Sur le sujet sensible de la renaissance d’un ou de plusieurs métiers d’herboristes, tels que les « herboristes de comptoir » ou « paysans herboristes », la mission propose que la concertation se poursuive avec l’ensemble des parties prenantes pour envisager les conditions d’une reconnaissance éventuelle de métiers d’herboristes et les contours des formations adaptées. ». A suivre donc, sachant que nous sommes très en retard sur ce sujet par rapport à nos voisins européens.

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