Le Télégramme

Pesticides. Pour le sénateur Joël Labbé, le gouvernement fait le minimum syndical

LE TÉLÉGRAMME – 07/09/2019

Pour le sénateur morbihannais Joël Labbé (EELV), on est encore loin du compte sur la question des pesticides. Mais le père de la loi faisant la chasse aux produits phytos (*) est convaincu que la pression populaire conduira bientôt le gouvernement à aller bien au-delà des distances minimales de 5 ou 10 mètres entre les habitations et les zones d’épandage.

Sur la base des conclusions de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le gouvernement va proposer d’interdire l’usage des pesticides à une distance de cinq ou dix mètres des habitations selon les cultures. Qu’en pensez-vous ?

Suite à la médiatisation de l’arrêté anti-pesticides pris par Daniel Cueff, à Langouët (35), désormais suivi par une quarantaine d’autres maires, le gouvernement se devait de faire quelque chose. Les nouvelles mesures évoquées et les distances envisagées sont très minimalistes ; elles ne prennent pas suffisamment en compte la volatilité des produits phytos. Si c’est toujours mieux que rien au plan de la santé humaine, cela apporte très très peu au plan de la biodiversité. Mais je suis convaincu que ce n’est là qu’une étape : l’opinion publique ne se contentera pas longtemps de petits pas. La pression va s’accentuer car les gens ont compris, comme pour le réchauffement climatique, qu’il y a urgence !

> À lire sur le sujet « Pesticides. Un décret déjà contesté »

Vous, vous plaidez pour le zéro phyto…

Je milite pour la promotion d’une agriculture sans pesticide et pour l’accélération des mesures d’aides à la transition. Je plaide pour que la future PAC (politique agricole commune) encourage des pratiques plus vertueuses via les paiements pour services environnementaux (PSE). L’agriculture rend des services ; ceux-ci méritent d’être payés en retour.

En Morbihan, la FDSEA monte en température. Cette semaine, elle a dénoncé un lynchage médiatique de l’agriculture conventionnelle. Le syndicat met la pression sur les maires dont elle réclame le soutien. Si tel n’est pas le cas, la FDSEA menace de contrarier les développements urbanistiques des communes, mais aussi de refuser l’accès aux chemins ruraux, de ne plus récupérer les boues de station d’épuration… Bref, la FDSEA se dit prête à « aller à la guerre ». Comment réagissez-vous ?

Ceux qui, comme moi, s’opposent aux pesticides ne s’opposent pas aux agriculteurs conventionnels. J’estime que beaucoup sont victimes d’un système les laissant pieds et poings liés. Ce qui est ennuyeux, c’est de refuser les effets pervers de ce système. Mon souhait, c’est de négocier la transition dans le dialogue, en évitant les postures.

Vous comptez monter au créneau ?

Mardi 10 septembre, à l’initiative de Michel Rivasi, députée européenne EELV, nous allons rencontrer à Paris, au bureau de l’Europe, les maires qui ont pris des arrêtés anti-pesticides et ceux qui s’apprêtent à leur emboîter le pas. Le 25 octobre, j’organise au sénat un colloque sur les évolutions envisageables de la loi Labbé. L’idée, c’est d’améliorer le texte et d’étendre l’interdiction des produits phytosanitaires dans l’espace publique aux cimetières, aux terrains de sport, aux copropriétés. Parallèlement, j’œuvre pour rendre cette loi européenne : la France est le seul pays de l’Union à ce niveau d’interdiction.
* Votée en 2014, La loi Labbé interdit depuis deux ans aux collectivités d’utiliser des pesticides. Depuis le 1er janvier 2019, cette loi s’applique aux particuliers mais pas aux professionnels de l’agriculture.

> À lire sur le sujet « Pesticides. Ce que propose le gouvernement »

1 Commentaire

  1. 1011
    12 septembre 2019 à 20 h 22 min · Répondre

    Avant de se poser la question de 5, 10 m ou même 150 m, interrogeons-nous plutôt si l’on doit « Manger 5 fruits et légumes par jour ! » … avec ou sans pesticides ?
    Pour y répondre une série de dessins clin d’oeil à l’oeuvre de René Magritte « Ceci n’est pas une pomme ». La légende diffère cependant. Sous l’image d’un fruit ou d’un légume la liste exhaustive des produits phytosanitaires que contiennent pommes, fraises, pomme de terre … :  » Ceci est du Abamectine , Acequinocyl , Clofentézine , Etoxazole … »
    A découvrir la série en cours de réalisation : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html

    Mais aussi une série de dessins évoquant, par une suite d’abeilles mortes, la pollution par les substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html

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