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Pesticides. Trois questions à Joël Labbé

Par EELV Sénat / 18-11-2014

 

Joël Labbé défend une proposition de résolution sur l’interdiction des néonicotinoïdes. Explications.

 

Votre proposition de résolution porte sur l’interdiction d’une classe particulière de pesticides, les néonicotinoïdes. Quels problèmes soulèvent ces produits ?

Il s’agit d’une classe d’insecticides puissants agissant sur le système nerveux des insectes. Les études montrent qu’ils se révèlent particulièrement dangereux pour les pollinisateurs et notamment les abeilles, mais leur dangerosité ne s’arrête pas là, récemment de nouvelles études (Notamment celle publiée par « the task force on systemic pesticides » publiée le 17 June 2014) ont montré leurs effets sur la biodiversité du sol, les vers de terre, les oiseaux et les petits mammifères et sur le système nerveux humain.

Ces produits persistent longtemps dans l’environnement après leur utilisation, si bien qu’ils peuvent encore tuer des pollinisateurs plusieurs années après leur utilisation. De plus, ils sont utilisés, entre autres, en enrobage de semences, cette utilisation préventive, avant même la détection d’une quelconque infestation est contraire aux bonne pratiques voulues par la réglementation européenne qui incite à ne traiter les surfaces agricoles que lorsque c’est nécessaire. Pour couronner le tout, l’utilisation de ces molécules n’a pas permis une augmentation significative des rendements pour les agriculteurs.

 

Pourquoi avoir proposé une résolution plutôt qu’une proposition de loi ?

Une résolution n’a pas de portée normative, contrairement à une loi. En revanche c’est un moyen pour le parlement d’exprimer son point de vue sur une situation, et d’alerter le gouvernement. Une interdiction des néonicotinoïdes ne peut se faire actuellement qu’au niveau européen, puisque les autorisations sont valables pour l’ensemble des pays européens. Nous souhaitons à travers ce texte envoyer un message fort au gouvernement et aux autres pays européens. D’autres parlements en Europe ont d’ailleurs déjà voté des résolutions similaires, c’est le cas au Pays-Bas. Et avec une position identique du parlement Français, Via les société civiles des autres pays, une campagne sera organisée afin d’interpeller les parlements et gouvernements des autres états membres.

 

Est-ce faisable ?

Oui c’est tout à fait possible, il existe des méthodes alternatives, d’autres molécules chimiques moins dangereuses et moins persistantes dans l’environnement, nous reproduisons actuellement les erreurs que nous avons commise avec les organochlorés et les organophosphates, qui ont été largement utilisés avant que l’on prenne conscience de leur dangerosité et que leur interdiction arrive enfin. Sans compter les méthodes alternatives et innovantes, qu’ils s’agisse de la lutte biologique ou encore des préparations naturelles. Par ailleurs la commission européenne à déjà restreint l’utilisation de trois de ces molécules sur certains types de cultures, par exemple le colza. La France à également eu une démarche volontariste en 2012 en interdisant le Cruiser OSR sur colza et en initiant au niveau européen une procédure visant à interdire les semis de colza traité par enrobage au thiaméthoxam.

N’oublions pas que l’abeille et les pollinisateurs sont le vecteur de pollinisation indispensable à la biodiversité et aux rendements des cultures agricoles. La valeur économique de la pollinisation a été estimée à 153 milliards d’euros par an. L’Europe affiche un déficit de 13,4 millions de colonies d’abeilles pour correctement polliniser ses cultures et qu’en France et en Allemagne, à peine de 25 % à 50 % des colonies nécessaires sont présentes, il est urgent et nécessaire d’agir.

Evidemment l’un des leviers pour limiter les pesticides, c’est de sortir de la monoculture, de renouer avec les pratiques agronomiques promues par l’agro-écologie, ce sont des moyens efficaces pour concilier une agriculture performante et une résilience accrue de notre agriculture.

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