Ouest-France

Rennes, ville modèle en matière de zéro pesticide ?

OUEST-FRANCE – 25/10/2019 – Par Virginie ENÉE

Un élargissement de la loi Labbé, interdisant les pesticides sur les espaces verts et voiries, pourrait être envisagé. La ville de Rennes va plus loin depuis 2015 et vise même le zéro pesticide d’ici cinq ans. D’autres collectivités viennent déjà s’inspirer de son expérience, notamment pour l’entretien de ses cimetières.

À Rennes, on n’a pas attendu la loi Labbé de 2017. Le premier plan « zéro phyto » sur la voirie et dans les espaces publics date de 2005, « après une prise de conscience de l’importance de protéger les cours d’eau », précise Daniel Guillotin, conseiller municipal délégué à l’écologie urbaine.

En 2012, les terrains de sport municipaux et les cimetières se mettent eux aussi au vert.

Courriers de reproches

Le résultat de mois de tests et de sensibilisation des équipes, comme du public : « Au début, on recevait énormément de courriers nous reprochant d’avoir des cimetières sales. » Il a donc fallu réapprendre à accepter la nature. « On a fait un travail de réaménagement et de réappropriation des espaces sur les parties de dalles enherbées, de création de pelouses au pied des arbres… » Et, pas de recette miracle, du désherbage manuel. « Dans un premier temps, on est passé de 1 000 à 1 500 heures de travail annuel pour les agents à 3 500 à 4 000 heures », convient-il.

« Mais en réaménageant le cimetière, on est revenus entre 1 500 et 2 000 heures de travail. » Il n’a donc pas été nécessaire d’embaucher. « Nous avons simplement réorganisé de travail en deux à trois temps forts dans l’année : en juin, avec l’explosion de la flore, l’été s’il pleut, et l’automne, pour la Toussaint. »

Pour se passer des pesticides, il fallait simplement « accepter de ramener de la nature, de la taille mécanique et d’adapter les outils », notamment « à la faible largeur entre les tombes ».

Si bien que d’autres collectivités viennent prendre conseil à Rennes, avant de se lancer.

Les Rennais, eux, se réapproprient le lieu pour lire, s’y promener, « profiter des prairies fleuries ou couper à travers le cimetière de l’Est pour rejoindre le quartier du Landry. C’est comme un parc paisible », où se côtoient la mort et la vie.

Pédagogie auprès des acteurs privés

Le mois dernier, la ville de Rennes a même voté un vœu de passage au zéro pesticide d’ici cinq ans, pour l’ensemble de son territoire. « Nous sommes en train de recenser les espaces privés pour qui la loi n’interdit pas encore l’usage de pesticides, rapporte l’élu : les terrains et rails de la SNCF (15 % de l’emprise du territoire de la ville…), les terrains d’entreprises, les copropriétés privées, les champs, le Stade rennais… On les contactera ensuite afin d’engager un travail pédagogique. »

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