L'Équipe

Un terrain de foot sans pesticide, c’est possible

L’ÉQUIPE – 25/10/2019 – Par Alexis Danjon

Depuis 2011, la ville de Rennes n’utilise plus de produits phytosanitaires pour entretenir ses 23 terrains de sport, dont 17 de football.

Alors que les fongicides et autres pesticides devraient être interdits dans les prochains mois sur les terrains de football gérés par les municipalités – le délai sera plus long pour les terrains professionnels – la ville de Rennes a déjà basculé dans le zéro-phyto depuis une dizaine d’années. « En 2010, nous avons fait un premier test sur un terrain », explique Bertrand Martin, le directeur adjoint aux jardins de la préfecture de l’Ille-et-Vilaine, dans le cadre d’un colloque consacré à la loi Labbé, organisé ce vendredi au Sénat. « On a vu que ça fonctionnait et, un an plus tard, on l’a généralisé sur toutes les surfaces de jeu. »
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Depuis, les 23 terrains de sport de la ville, dont 17 de football (plus cinq de rugby et un de base-ball), sont praticables et propres, débarrassés de tous les produits phytosanitaires, tels que les fongicides, qui pourraient présenter un risque pour la santé. « On a vidé les armoires en 2011, ça a été un tournant », raconte l’élu, qui avoue un « accident » en 2015 : « On a récupéré une pelouse qui avait eu des lacunes d’entretien et on a été contraint d’utiliser des produits phytosanitaires pour le remettre en état ».

« Avoir un peu de trèfle ne gêne pas le jeu. »
Bertrand Martin, le directeur adjoint aux jardins de la préfecture de l’Ille-et-Vilaine.

Pour atteindre ce résultat, qui pourrait servir d’exemple pour les autres communes françaises, les jardiniers de la ville ont basculé sur une autre logique : « Il y avait des traitements préventifs avec les produits phytosanitaires. Désormais ça demande plus de suivi pour intervenir au bon moment. » Donc plus de contraintes ? « Les jardiniers ne reviendront pas en arrière. Il faut de la bonne volonté pour y arriver et des formations, aussi. » Quant aux sportifs, « ils avaient une crainte, que la pelouse soit en mauvais état. Finalement, en échangeant avec eux, ils ont convenu qu’avoir un peu de trèfle sur la pelouse ne gênait pas le jeu. » La ville demande également aux clubs de réduire les pressions d’usage. « Il faut accepter, à un moment donné, d’arrêter de jouer sur un terrain » pour éviter qu’il ne se dégrade.

Une baisse de la qualité des pelouses

Un argumentaire qui ne fait pas mouche auprès de la FFF, représentée par Michel Raviart, le président de la Commission fédérale des terrains et installations sportives. « Le constat que l’on fait à travers les 25000 pelouses classées pour la compétition n’est pas celui-là. L’équation actuellement est la suivante : zéro phyto = zéro moyen. On a une baisse de la qualité. Il faut mettre des moyens matériels, de la formation. » « On est prêt à accompagner ce changement », précise-t-il. Une partie de la solution est déjà trouvée : des formations vont être proposées aux employés communaux en charge des terrains de sport par le CNFPT, Centre National de la Fonction Publique Territoriale. En ce qui concerne le matériel, une piste proposée est de le mutualiser entre les services.

Rendez-vous en 2020

Il faudra bien qu’ils se préparent, sans être toutefois brusqués. « Il va falloir laisser un temps d’adaptation, mais il faudra adapter à l’urgence. On ne peut pas se permettre d’attendre des décennies », explique Barbara Pompili, la Présidente de la commission Développement durable à l’Assemblée nationale. « Comment avancer le plus vite possible en tenant compte des contraintes des acteurs concernés ? Rendez-vous très vite pour donner des suites à cette loi Labbé. » Joël Labbé, sénateur du Morbihan : « On saura attendre pour les terrains de sports professionnels. En revanche, les terrains d’entraînement sur lesquels les jeunes joueurs pratiquent, il ne faudra pas tarder. » Et l’élu de donner rendez-vous : « On peut se dire à l’année prochaine. Il y aura besoin de législatif. Ça partira du Sénat puis ira à l’Assemblée. On n’est pas là pour faire des discours mais pour avancer »

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