Ouest-France

Le « glyphosate moins cancérogène que la charcuterie » : le rapport sénatorial qui fait hurler les écologistes

OUEST-FRANCE – 12/06-2019

Un groupe de sénateurs affirme, dans un rapport, que le glyphosate « est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge ». Le député européen José Bové et le sénateur morbihannais Joël Labbé dénoncent un discours « qui ne tient pas la route », ainsi que « le fort lobby glyphosate ».

Le glyphosate est-il nocif pour la santé ? Cet herbicide, principe actif du Roundup fabriqué par Monsanto (racheté à l’été 2018 par le groupe pharmaceutique et agrochimique allemand Bayer), fait régulièrement polémique. Certains scientifiques dénoncent sa très grande dangerosité pour la vie humaine. D’autres chercheurs estiment a contrario qu’il est « sans effets ».

Une controverse qui n’a pas fini de s’éteindre. Pour preuve, ce rapport d’information qu’un groupe de sénateurs s’apprête à rendre public jeudi prochain. Parmi ces parlementaires : Pierre Médevielle, élu UDI de Haute-Garonne, pharmacien de profession.

« Moins cancérogène que la charcuterie »

Selon lui, interrogé par le quotidien régional La Dépêche du midi, « aucune étude scientifique ne prouve formellement la cancérogénicité du glyphosate, ni en France, ni en Europe, ni dans le monde. Ce produit est d’ailleurs moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites », affirme le sénateur.

Pierre Médevielle se trouve donc sur la même longueur d’onde que son collègue de la Manche, le sénateur LR Jean Bizet, qui s’est fortement énervé, jeudi soir sur France 2, à l’occasion d’un reportage consacré au fichage de 200 personnalités par Mosanto. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que le sénateur de la Manche faisait parler de lui et de ses « relations » avec Monsanto. En février 2008 déjà, Greenpeace lui avait remis un prix : le Monsanto d’or pour ses diverses déclarations et prises de position pro OGM.

« Révisionnisme environnemental »

Sollicité par La Dépêche du midi, le député européen José Bové dénonce ce rapport, qualifiant le travail des sénateurs concernés « de révisionnisme environnemental. Quand certaines personnes affirment que le glyphosate n’est pas dangereux, c’est comme celles qui prétendent que le réchauffement climatique est un fantasme. Ce discours ne tient pas la route. »

Pour mémoire, la vente du glyphosate aux particuliers est interdite en France depuis le 1er janvier 2019. Le gouvernement a également promis que le produit serait interdit « dans ses principaux usages » d’ici à 2021 et « pour tous les usages » d’ici à cinq ans.

« Je réclame une commission d’enquête parlementaire »

Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, tombe des nues, ignorant totalement la publication imminente de ce rapport sénatorial. « Je n’en ai eu aucun écho. Par hasard, il arrive juste après la révélation des personnes fichées par Monsanto. C’est grave. Cela montre combien le lobby glyphosate est encore très puissant au Parlement. Et nous savons pertinemment que des scientifiques roulent pour le lobby. »

Joël Labbé compte s’adresser rapidement au président du Sénat, Gérard Larcher, afin de lui demander la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur le fichage opéré par Monsanto. « Je souhaite également ne plus participer aux travaux du groupe de suivi sur la réforme de la politique agricole commune, présidé par le Normand Jean Bizet. »

Débat politique

Pour le député européen de gauche Eric Andrieu, candidat à sa réélection sur la liste de Raphaël Glucksmann, « le sénateur Médevielle s’assoit sur un certain nombre d’études » prouvant la dangerosité du glyphosate « et sur santé des citoyens. » Invitée ce dimanche matin du Grand jury sur RTL, la tête de liste LREM aux européennes, Nathalie Loiseau, estime pour sa part « qu’un sénateur n’est pas un scientifique ».

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