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Le Sénat vote pour les 20% de bio à la cantine quasiment à l’unanimité

LA DÉPÊCHE.FR – 28/06/2018 – Par Lucas SERDIC

Il a mis du temps à être acceptée par tous, mais ça y est : l’article 11 du projet de loi sur l’agriculture et l’alimentation, contenant l’amendement fixant l’objectif de 20 % de produits bio servis dans les cantines de France d’ici 2022, a été accepté par le Sénat ce jeudi en fin de journée, et quasiment à l’unanimité : 334 votes pour et 2 votes contre, le tout à l’issue d’un scrutin public.

Ce n’était pourtant pas gagné, car après avoir assez facilement passé le test de l’Assemblée nationale le 30 mai dernier, la mesure devait convaincre le Sénat et sa forte concentration LR, traditionnellement plus hostile à l’agriculture biologique que leurs voisins de gauche.

Tendance inversée

Comme prévu – et même si l’issue du vote au Sénat restait symbolique tant on imagine que le retour du texte à l’Assemblée aurait au final entériné la mesure – cela a été difficile : dans un premier temps, la commission des finances du Sénat a émis un avis défavorable sur le sujet, avançant le fait qu’une plus grande concentration de produits bio dans les assiettes des cantines entraînerait une augmentation trop significative du prix des repas pour les familles et les collectivités. Une mesure donc finalement trop injuste pour être appliquée aussi rapidement. La commission préconisait ainsi une échéance plus lointaine, repoussée en 2025.

Parmi les élus favorables à cette mesure du bio à la cantine, on s’est insurgé, notamment Joël Labbé, sénateur breton et écolo, qui a fait usage de tous les moyens de communication possibles pour inverser la tendance dans la semaine qui a suivi.

Un vote à scrutin public décisif

Dans une sorte de tribune coécrite avec l’adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), Gilles Pérole, il contredit cet argumentaire : « En 2017, l’Observatoire national de la restauration collective bio et durable, créé par l’association Un Plus Bio, a démontré que les collectivités locales engagées dans des menus composés pour 20 % de produits bio font face à un coût matière de 1,80 € […], lorsqu’un repas conventionnel est estimé entre 1,50 et 2,00 € (source Agores). »

Dans le même texte, il insiste pour que le vote final au Sénat se fasse dans un mode de scrutin public, où les votes ne sont pas anonymes. Avec succès donc. Interrogé à l’issue du vote, il a commenté : « Ainsi, les sceptiques n’ont pas pu se cacher. »

Des mesures anti-gaspillage

Par ailleurs, le ministre de l’Argiculture Stéphane Travert, a également estimé lors de la présentation du plan « Ambition bio 2022 » dévoilé la semaine dernière, que le surcoût éventuel du prix des repas à la cantine pourra être compensé par « une autre mesure qui, elle, va permettre aux cantines de faire des économies : c’est l’obligation d’un diagnostic de gaspillage alimentaire. » Dans beaucoup de municipalités, des dispositifs similaires ont été testés et ont révélé leur efficacité.

En Occitanie, la région n’a pas attendu la législation pour prendre les devants : elle a fixé un objectif de 40 % de produits locaux de qualité, dont la moitié en produits bio, dans les cantines de ses lycées d’ici 2021. Elle est pour l’instant de 16 %.

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